On dit que la pensée « occidentale » aurait oublié le corps. C’est surtout oublier Montaigne, qui a su penser et nous parler du corps, à commencer par le sien. Le corps est chez lui le terrain d’expériences vécues, de mises à l’épreuve ou d’« essais » de soi-même. Se peignant « tout nu » dans son œuvre, Montaigne a cherché à comprendre le corps jusque dans ses dérèglements : pourquoi notre corps – notamment notre corps désirant – ne nous obéit-il pas toujours ? Que nous apprend l’expérience de la maladie et de la douleur ? Que sont ces états de demi-conscience que nous connaissons dans l’évanouissement, l’endormissement ou la jouissance ? En faisant l’essai de soi-même à travers l’expérience du corps, il parvient à définir une forme de sagesse conçue comme santé. Or cette santé n’est pas du tout associée au repos ou à l’absence de trouble, comme on pourrait s’y attendre : nous verrons au contraire qu’il s’agit d’une sagesse du corps en mouvement, une sagesse pratiquement « antiphilosophique ».
Séance 2. Le corps malade, douloureux, mourant. La seconde séance sera consacrée au corps malade, à la sagesse que l’on tire de l’expérience de la douleur et de la pensée de la mort.
Durée : 1h30. Replay accessible jusqu’au mercredi soir suivant.Juliette Morice, agrégée et docteure en philosophie, est maîtresse de conférences à l’Université du Mans. Ses recherches ont fait d’elle une spécialiste de la culture de l’époque moderne (XVIe-XVIIIe siècle). Ses enseignements et ses recherches croisent différents domaines du savoir : littérature et philosophie, sciences et poésie, ou encore médecine et métaphysique. Cela lui permet de mettre l’accent sur la multiplicité des enjeux de la philosophie et de nos différentes manières de vivre. Son essai intitulé Renoncer aux voyages. Une enquête philosophique est l’un de ses grands succès en librairie (PUF, 2024).