Tenter une vie philosophique, ce n’est pas errer dans un ciel platonicien, être désincarné, vivre d’idées et de concepts. Au contraire, c’est épouser le réel, embrasser le tragique de l’existence, devenir pleinement qui nous sommes au fond du fond, loin du moi social. Le philosophe aspire à la sagesse, à la paix, à l’absence de troubles de l’âme. On n’apprend guère à nager en demeurant bien au sec au bord de la piscine. Pareillement, pour progresser, nous sommes invités à poser des actes, à s’exercer, à pratiquer, à inaugurer un chemin…
Dès l’Antiquité, pour devenir philosophe, il convient de se convertir, quitter illusions et préjugés, embrasser un mode de vie à l’abri de l’ignorance et des passions. L’aspirant philosophe est convié à se servir dans la caisse à outils des grandes écoles (stoïcisme, épicurisme, scepticisme et école des cyniques). Entrer en philosophie réclame de quitter le mode du pilotage automatique, travailler sur nos représentations. Accueillir le tragique d’une existence, flotter dans la confiance et la paix appelle des actes.
L’être humain n’est pas un cerveau dans une cuve. Il a, il est un corps, des émotions, des désirs, des pulsions, des élans. Une vie philosophique imprègne chaque parcelle d’une vie. Montaigne écrit bien que la plus sauvage de nos maladies, c’est de mépriser notre être. En sa compagnie et aussi avec Nietzsche et Swâmi Prajnânpad, nous pouvons avec douceur nous « attaquer » aux guerres civiles qui peuvent se lever en nous. Le corps est-il un boulet, une idole ? Comment œuvrer à la détente qui conduit à l’éveil, qui est éveil ?
Attentes et regrets, angoisses incessantes nous exilent. Revenir à soi, descendre au fond du fond est un exercice. Pour se risquer au grand « plouf » dans la confiance, les stoïciens comme maître Eckhart nous prêtent mains fortes. Expérimenter l’éternité, accueillir chaque jour comme si c’était le premier et le dernier de sa vie, goûter à l’émerveillement, sacré défi…
Le philosophe ne saurait contempler la misère humaine depuis un promontoire. Chögyam Trungpa invitait ses disciples à bâtir une société éveillée, une société plus juste, plus solidaire. Rayonner, s’engager, c’est s’élargir, réaliser que nous sommes des êtres de liens, éminemment sensibles. Dans Humain trop humain, Nietzsche propose que chaque matin on s’interroge… A qui ce jour-là , peut-on faire plaisir ? Inspiration et expiration, voilà deux mouvements de l’existence : descendre en soi, rejoindre le fond du fond pour agir à partir de soi, se donner sincèrement aux autres.
Après dix-sept années passées dans une institution pour personnes handicapées, Alexandre Jollien étudie la philosophie à Fribourg et Dublin. En 1999, il publie son premier essai Eloge de la faiblesse (Cerf, 2011), ouvrage couronné par l’Académie française. De 2013 à 2016, avec son épouse et ses trois enfants, il réside à Séoul pour se mettre à l’école d’un maître zen. En 2022, avec Bernard Campan, il réalise et tourne le film Presque. Alexandre coécrit avec Christophe André et Matthieu Ricard, Trois amis en quête de sagesse (L’Iconoclaste, 2016). Il vient de sortir L’art de l’esprit joyeux (Almora éditions, 2024) avec Laurent Jouvet. Alexandre Jollien puise son inspiration dans la tradition philosophique, le zen et les mystiques chrétiens.
Tout au long de l’année, La Maison des sagesses organise des séminaires dans le domaine de Savenna, une grande propriété en pleine nature dans la Drôme provençale. Dans le but de créer une expérience unique et privilégiée entre l’intervenant et les stagiaires, les séminaires sont limités à quinze participants et s’étalent sur 5 jours : du mardi soir au dimanche après-midi.
Arrivée le mardi à partir de 18 heures pour la remise des clés, la présentation du programme et le dîner.
Le programme du mercredi au samedi :
Retour le dimanche après le déjeuner qui suit la dernière conférence et le cours de yoga.
Nous avons à cœur de vous inviter à expérimenter une cuisine goûteuse, créative, engagée, respectueuse du vivant et gorgée de bienfaits nutritionnels. Dans le souci de respecter des circuits courts, les produits sont choisis auprès d’agriculteurs et producteurs locaux.
Pension complète : 5 petits-déjeuners, 5 déjeuners, 4 goûters, 5 dîners, boissons comprises dont le vin
Les cours seront dispensés par Mélia Coste, enseignante de yoga depuis 2011, diplômée de l’Ecole Française de Yoga de Lyon, créée et dirigée par Boris Tatzki, disciple de Desikachar, fils de l’illustre Krishnamacharya. Mélia Coste s’est également formée auprès de Babacar Khane, en yoga de la verticalité et méditation. Chez Padma yoga, elle a approfondi ses connaissances en yogathérapie auprès de deux professeurs émérites, Locana Sansregret et Deep Priya. Enfin, elle a reçu une formation en Qi Yog, un mélange de Qi Qong, d’art martial et de yoga.