Écouter, c’est tendre l’oreille pour comprendre ce qui est dit, recevoir la parole de l’autre, et donc être sensible aux effets en nous de la parole de l’autre. Mais si comprendre l’autre, c’est s’écouter soi-même, quel paradoxe ! Pour le dépasser, il faut admettre que l’autre, en tant qu’il ou elle demeure dans son altérité, est quelque part inatteignable. Mais alors, penser l’écoute, ce n’est pas penser le début d’une réponse, mais laisser la parole de l’autre résonner dans le silence pour que celui-ci se fasse entendre. De là jaillit la source de la compassion : car vivre en moi la réalité de l’autre, c’est vibrer de la parole de l’autre. L’écoute désigne donc le moment où je comprends intimement ce que vit l’autre sans être l’autre, sans même me mettre à sa place. C’est le sens même du concept d’intropathie chez Husserl : saisir dans la différence, par l’altérité, la réalité de l’autre.
Séance 2. Une détermination de l’écoute selon Freud et la psychanalyse : laisser la parole de l’autre résonner en nous pour qu’il puisse raisonner selon ses propres mots.
Durée : 1h30. Replay accessible jusqu’au mercredi soir suivant.Laurent Payet-Chevalier, diplômé en lettres modernes et en théologie, enseigne au lycée de Versailles. Spécialiste de philosophie politique, il a notamment travaillé sur le statut de la pauvreté chez Proudhon, et a poursuivi sa réflexion en puisant dans les sagesses antiques aussi bien que chez Marx. Passionné d’éthique, à l’écoute des problèmes concrets, il intervient régulièrement sur des sujets concernant la vie en entreprise et anime des ateliers pour aider ses interlocuteurs à préciser leurs pensées et à se construire ensemble, par le biais d’une réflexion solide.